LES PUNAISES DE LIT :
Un risque pour les locations saisonnières…
Prologue : Le scénario à éviter
Samedi 1er mai, redémarrage de la saison touristique après les perturbations du printemps liées à la crise COVID. Heureuse de voir l’horizon s’éclaircir, Madame F. accueille avec plaisir ses premiers vacanciers dans sa belle villa du Sud de la France…
[…] Quelques jours plus tard, la famille qu’elle accueillait quitte rapidement la maison. Malgré l’hygiène irréprochable du logement, de petits hôtes indésirables ont transformé leurs nuits en cauchemar. Démangeaisons, piqûres, tous les matins chacun se réveille après une nuit écourtée et peuplée de mauvais rêves…
Madame F. désolée, se confond en excuses auprès de ses hôtes; ceux-ci, compréhensifs, exigeront toutefois le remboursement du séjour et s’abstiendront de mettre les 5 étoiles que ce logement recevait régulièrement dans ses avis clients depuis plus de 7 années.
Madame F., elle, doit interrompre ses locations, rembourser ses réservations et engager un lourd et coûteux processus de décontamination.
Qui est le responsable de cette catastrophe ? Un petit insecte de la taille d’un pépin de pomme : la punaise de lit (Cimex lectularius)
Connaître son ennemi :
Les punaises des lits sont des espèces d’insectes hétéroptères de la famille des Cimicidae. Exclusivement hématophages (se nourrissant de sang), elles ont toujours cohabité avec les humains (on en a retrouvé dans les tombes égyptiennes) et sont présentes dans diverses régions du monde.
Elles avaient quasiment disparu de France dans les années 50 suite à l’usage d’insecticides comme le DDT.
La résistance aux insecticides et surtout la multiplication des échanges internationaux (y compris avec les États-Unis et le Canada qui sont fortement infestés) ont malheureusement favorisé leur recrudescence sur le territoire national ces dernières années.
Cela, à un point tel, que l’État Français a lancé en 2020 un Plan National de traitement de cette question :
Si les habitats collectifs des grandes villes (Paris, Marseille, Nice, Lyon,…) sont principalement concernés, ce problème n’épargne pas les habitations individuelles et les lieux de villégiature de clientèle de passage (hôtels, locations de vacances…).
L’hygiène n’est pas en cause. Même un hébergement très propre peut être infesté par des punaises puisqu’elles sont apportées par vos clients, le plus fréquemment avec une valise ou un sac.
Malgré un ménage approfondi entre chaque locataire, l’infestation peut survenir très rapidement.
Chaque femelle peut pondre de 2 à 5 œufs par jour, qui mettront seulement 2 semaines à éclore… si la situation n’est pas prise en main, la croissance peut devenir exponentielle ; on passe ainsi d’une centaine d’individus à plusieurs dizaines de milliers en 6 mois…
Comment les reconnaître et détecter leur présence ?
Les punaises de lit adultes sont visibles à l’œil nu, elles sont généralement brunes et sont de forme ovale, de la taille d’un pépin de pomme aplati, soit de 4 à 7 mm de longueur.
La bonne nouvelle : elles ne sautent pas et ne volent pas. Elles se déplacent à la vitesse d’une fourmi.
La mauvaise : elles ont une durée de vie de 5 à 6 mois mais peuvent survivre sans se nourrir jusqu’à un an et demi, voire deux ans en état de dormance.
Les œufs des punaises de lit sont blanchâtres, de la grosseur d’un grain de riz. Ils sont disposés en grappes et éclosent environ de 10 à 14 jours après avoir été pondus.
Certains indices permettent de détecter la présence de punaises de lit.
- piqûres semblables à celles des moustiques, qui provoquent des démangeaisons (la piqûre est souvent indolore, les démangeaisons peuvent apparaître 1 à 2 heures plus tard)
- petites taches noires sur les draps, le matelas ou le sommier (déjections de ces insectes)
- présence d’insectes vivants ou morts (voire de mues ou d’œufs) dans le lit ou à proximité.
Où se cachent les punaises de lit ?
Elles aiment les endroits sombres et finissent généralement par se cacher dans les recoins difficilement accessibles. Leurs endroits de prédilection restent toutefois les abords immédiats de leur garde-manger (le dormeur), les sommiers (35%), les matelas (25%) et les oreillers (10%).
Exemples de “cachettes” possibles :
- le sommier, les coutures et le dessous du matelas, les ourlets des articles de literie;
- la tête de lit, le mobilier de chambre et les tiroirs;
- les chaises, canapés, et sofas;
- les vêtements, les sacs à dos ou à main et les valises;
- les tapis et les rideaux;
- les moulures et les cadres de fenêtres ou de portes;
- le derrière des plinthes chauffantes et des prises électriques;
- les fissures dans le plâtre, le bois ou le plancher…
Pour détecter les nids de punaises, il est conseillé d’éclairer les surfaces ciblées (murs, matelas, meubles) à la lumière rasante d’une lampe de poche.
Comment s’en prémunir ?
Compte tenu de la complexité et du coût des traitements curatifs (voir ci-dessous), la meilleure défense contre ce fléau est la prévention.
N’attendez pas d’être confrontés au problème pour prendre quelques mesures simples de protection.
1ère étape : la prévention contre ce nuisible commence par rendre sa zone de chasse inhabitable.
Il faut donc équiper le lit pour en faire une place forte et rendre les différents refuges potentiels pour ces insectes, totalement impénétrables.
La zone de repos de cet insecte est souvent en toute proximité de sa zone de repas : la structure du sommier, la couture du matelas, la doublure de l’oreiller…
Vous trouverez donc sur le marché des housses de protection spécifiques.
La housse anti-punaise de lit est un dispositif conçu pour être totalement imperméable aux punaises et les empêcher de s’installer. Elle est entièrement étanche et destinée à isoler l’objet qu’elle enveloppe ; ainsi, les insectes ne peuvent ni entrer ni sortir. Des fermetures à glissière sont prévues de chaque côté de la housse.
Les housses anti-punaises de lit sont prévues pour envelopper chaque élément du lit : le sommier, le matelas et les oreillers. Elles se déclinent donc en tailles et formes diverses.
Sachez enfin qu’il s’agit d’un investissement significatif. Le prix d’une housse anti-punaises de qualité pour un matelas de 140 x 190 se situe couramment dans une fourchette de 70 à 90€. À doubler avec celle nécessaire pour le sommier (et les oreillers) et à multiplier par le nombre de couchages que vous proposez à votre clientèle…
2ème ligne de défense : l’ensemble sommier/matelas doit devenir inaccessible.
Par chance cet insecte ne saute ni ne vole. Il suffit donc de créer des barrières infranchissables à sa progression.
Éloignez le lit du mur et protégez ses pieds.
La solution la plus simple pour assurer cette protection est de glisser sous chaque pied du lit, de petites coupelles emplies de terre de diatomée amorphe. L’insecte, pour accéder au lit devra essayer de franchir cette barrière et succombera rapidement.
Le seul inconvénient de cette approche est l’éducation nécessaire de votre clientèle, qui faute d’une sensibilisation préalable et à la vue de ces dispositifs, pourrait nourrir une inquiétude sur la sécurité sanitaire de votre logement.
Plus cher mais plus design : changer vos pieds de lits pour des pieds de lits en inox ; leur surface parfaitement lisse rendra l’ascension de l’insecte impossible.
Comment traiter ?
Faute de mesures préventives et comme Madame F., vous devez maintenant faire face au problème ; c’est un dur combat qui débute.
Il existe deux grandes familles de traitements anti-punaises. Il est souvent nécessaire de les utiliser de façon complémentaire pour arriver à éradiquer totalement ce fléau :
👉 Les traitements mécaniques : utilisent la sensibilité des punaises aux températures extrêmes, qu’elles soient très chaudes ou très froides.
👉 Le traitement chimique : une solution d’insecticide est pulvérisée par un professionnel agréé.
Les traitements mécaniques :
La lutte mécanique (sans produit chimique) représente une première phase incontournable permettant de diminuer au maximum la présence des punaises. Cette méthode écologique présente en outre l’avantage de ne pas provoquer, à moyen terme, de résistances supplémentaires de ces insectes.
L’objectif est l’extermination de la majeure partie des parasites avant la lutte chimique, qui sera souvent nécessaire pour éliminer les dernières punaises de lit survivantes. Cette première étape ne doit en aucune façon être supprimée et peut même parfois suffire.
Traitement par aspiration : le plus immédiat à mettre en œuvre ; permet d’évacuer les œufs et les insectes repérés lors de la phase de détection.
Attention : l’aspiration ne tue pas les nuisibles ; le sac de l’aspirateur emballé dans un sac plastique étanche devra être jeté dans une poubelle extérieure (déchets voués à l’incinération). Le conduit d’aspirateur devra, en outre, être nettoyé et désinfecté (aspirer de l’insecticide «poudre» généralement vendu pour la lutte contre les fourmis).
Nettoyage à la brosse : Complément de l’aspiration, brosser à sec ou avec un nettoyant de surface, certains recoins ou tissus, contribue à supprimer les œufs et les jeunes insectes difficiles à localiser.
Nettoyage vapeur 120°C voire 180°C (vapeur sèche) : le choix du nettoyeur doit être adapté : puissance de chauffe minimale de 1500W et pression d’au moins 3 bars. Il devra en outre disposer des accessoires permettant de traiter les différentes natures de surfaces et d’atteindre les plus petits interstices. Précédé par une phase d’aspiration permettant d’évacuer les larves, il détruit tous les stades de punaises et est particulièrement adapté aux recoins et aux tissus d’ameublement.
Ce procédé constitue sans doute la meilleure alternative au traitement chimique à condition de disposer d’un matériel de qualité (vapeur sèche 180°C) et de réaliser une application rigoureuse et systématique sur toutes les zones à risque.
Lavage à la machine à 60°C : utilisable pour tout le linge qui tolère cette température et en premier lieu pour tout le linge de lit, puis sèche-linge (mode chaud au moins 30 min) et repassage.
Traitement par congélation : une température de -20°C pendant 72h permet d’éradiquer les nuisibles. À réserver à de petits objets et à certains vêtements délicats.
Traitement par chauffage : Le chauffage à 60°C de tout objet ou meuble pouvant résister à cette température permettra de tuer les adultes et les œufs.
Certaines entreprises ont des étuves pouvant atteindre ces températures et une taille suffisante pour recevoir tout type de mobilier.
Traitement à la terre de Diatomée : Appliqué en curatif, ce produit naturel peut aussi être très efficace.
Appliquer la terre de diatomée dans les zones où elle ne sera pas déplacée par des courants d’air. Vous pouvez ainsi l’appliquer sur les bords de tapis et moquettes, les fissures, les prises électriques, les interrupteurs. Par précaution, mettez un masque anti-poussière et utilisez une mini-poudreuse manuelle. Laissez agir quelques jours et passez l’aspirateur pour récupérer les insectes morts.
Ces différents traitements doivent aussi s’accompagner d’une limitation des zones à risque : papiers peints décollés, peintures écaillées, plinthes, moquette, fentes dans les murs, planchers disjoints, sont autant de sites de repos et de reproduction pour ces nuisibles.
La restauration de l’habitat et le jointoiement des plinthes ou des chambranles de portes peut contribuer fortement à diminuer ces zones sensibles.
Le traitement chimique :
Est souvent nécessaire pour compléter les différents traitements mécaniques dont l’efficacité à 100% ne peut souvent être garantie.
Il est donc nécessaire, pour appliquer ce type de traitement, de faire appel à des professionnels détenteurs des certificats Certibiocide ou Certyphyto, qui ont accès à des produits très efficaces.
Le traitement réalisé par un professionnel nécessite au minimum une double intervention, à environ 2 semaines d’intervalle. Le second passage tuera les quelques larves sorties des œufs ou les adultes qui n’ont pas été atteints lors du premier traitement.
Coût d’une telle intervention : selon la surface à traiter et le niveau de l’infestation (nombre de chambres, voire traitement de l’intégralité du logement) le coût des 2 interventions peut aller de 300 à 1000€ et plus. Le coût de traitement habituel au m² pour chaque intervention se situe entre 6 et 10€/m².
Conclusions – Responsabilité du professionnel de l’hébergement
La responsabilité de chaque professionnel et particulier proposant un hébergement est engagée dans la lutte contre la punaise de lit.
Parmi les nombreuses obligations du propriétaire, celui-ci doit en effet fournir un logement propre et en bon état mais il doit également être décent [article 6 de la loi du 6 Juillet 1989], c’est-à-dire “ne laissant pas apparaître de risques manifestes pouvant porter atteinte à la sécurité physique ou à la santé et exempt de toute infestation d’espèces nuisibles et parasites”.
Au-delà de ce risque juridique, la dégradation de l’image et de la réputation du bien à louer représente un risque majeur dans le monde de la location touristique.
Les différentes mesures de protection peuvent représenter un investissement significatif mais celui-ci reste toutefois mineur en regard du risque de fermeture brutale de l’hébergement, de dédommagement des clients et de perte de réputation.
La mise en œuvre de mesures préventives, dans un environnement où ce risque est continûment croissant, représente même une opportunité de jouer gagnant / gagnant dans la relation avec sa clientèle:
👉 pour l’hébergeur : il n’aura plus de souci à se faire sur d’éventuelles invasions de punaises à l’intérieur de ses literies. C’est un véritable argument de vente pour lui d’annoncer à sa clientèle que le risque a été anticipé et que toutes ses literies sont équipées des protections nécessaires.
👉 pour le client : forcément rassuré de savoir qu’il peut passer une ou plusieurs nuits dans l’établissement sans avoir le stress de se retrouver face à des punaises de lit ou pire … d’en ramener chez lui !
Pour aller plus loin sur le sujet :
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Punaise_des_lits
- https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/punaises-de-lit
- https://www.droitaulogement.org/2019/06/punaises-de-lit/
- https://www.leparisien.fr/societe/punaises-de-lit-la-carte-de-france-des-consultations-chez-le-medecin-28-07-2020-8359869.php
- https://youtu.be/HskCkVVKsqE (vidéo La Quotidienne France 5)
Pascal.
J’ai lu avec attention tout l’article mis en ligne par LVP et aussi tous les commentaires. Merci à vous tous. En conclusion, étant donné la zone orange sur la carte de France, région Pyrénées Orientales, je vais de ce pas commander des housses de protection pour ma literie. Dommage pour les pieds en inox, mes pieds sont neufs…mais en bois…
Bonjour Je viens de relire cet article car l’année dernière nous n’avons pas eu de punaises de lit mais beaucoup de pipi Pourtant les alèzes sont positionnées par la personne qui gère notre appartement ; à priori soit les locataires s’en sont débarrassés durant leur séjour ; toujours est-il que tous nos matelas (matelas enfant 90 cm à matelas adulte 140 cm) ont été touchés Nous avons pu nettoyer les 2 matelas de 90 mais le plus grand est à changer du coup je me demandais si je ne mettrais pas des protèges matelas pour punaises de lit qui me… Lire la suite »
Bonjour, PARTAGE D’EXPERIENCE en réponse à vos questions En complément de l’article sur le blog, et pour mon usage propre, je suis allé faire une recherche de housses de qualité sur le net. Et oui vu le prix (j’ai 12 couchages / 20 oreillers) et comme il n’y a pas urgence (c’est en préventif) autant faire une vraie analyse de marché. Mes conclusions (qui n’engagent que moi, je ne parle pas au nom de LVP) On trouve des housses à 30€ sur Amazon mais elles n’inspirent vraiment pas confiance… Or pour ce type de produit si c’est pour prendre quelque… Lire la suite »
Bonjour, Merci pour cet article très très intéressant mais qui fait froid dans le dos. La tuile pour ceux à qui cela arrive. Suite à la lecture de votre article, j’ai cherché sur le net des housses de matelas anti-punaises de lit . J’ai compris qu’il ne faut pas de housse anti-acariens, mais des housses spécifiques anti-punaises de lit. Ce que j’ai trouvé ce sont des housses à plus de 100€ pour des lits de 80 cm de largeur, ce qui fait assez cher quand il y a 8 lits, et après on a des housses autour de 30€ ce… Lire la suite »
Merci pour cet article intéressant et très utile.
Bonjour,
Article très bien rédigé, merci!
ça fait en effet réfléchir,Je vais donc anticiper.
Quelqu’un peut il me donner un site de fournisseur fiable pour du matériel de protection.
Merci
Merci pour cette info
Merci pour cet article, ce fléau peut aussi être transporté par les bagages… Par précaution, j’ai personnellement équipé mes literies avec cette enveloppe de matelas avec fermeture éclair, un peu onéreuse, mais très efficace.
Merci beaucoup
C’est pire que la covid ce truc!et le pire c’est que ce sont les clients qui les transmettent bien souvent!
Merci pour ces conseils !
Je ne sais pas pour vous mais moi après cette lecture ça me gratte de partout…