Lors de l’établissement d’un contrat de location, faut-il demander des arrhes ou un acompte ?
Cette question peut sembler anodine, pourtant elle est loin d’être sans conséquence en cas d’annulation de l’une des deux parties…
Malgré leurs similitudes, il ne faut surtout pas confondre arrhes et acompte. Dans les deux cas, il s’agit de sommes versées par le vacancier lors de la réservation d’une location saisonnière, mais ces avances n’impliquent pas le même niveau d’engagement de ces deux parties.
Afin d’y voir plus clair et de faire le bon choix, nous vous proposons de revenir sur les définitions de ces deux termes juridiques.
Initialement rédigé en octobre 2019, ce dossier a été mis à jour en juin 2023.
Sommaire
- Faut-il demander des arrhes ou un acompte ?
- Les arrhes : définition et conséquences.
- L’acompte : définition et conséquences.
- Prenons un exemple :
- Concrètement, quelle est la meilleure option à retenir ?
- Quel montant d’acompte ou d’arrhes faut-il demander à la réservation ?
- Que se passe-t-il pour les réservations via une plateforme ?
- Une bonne pratique…
Faut-il demander des arrhes ou un acompte ?
Dans notre précédent dossier consacré à l’importance de rédiger un contrat de location en bonne et due forme, nous avons présenté les éléments indispensables que doit contenir un contrat de location saisonnière. Parmi ces informations, les conditions de paiement doivent clairement être précisées. Se pose alors la question de la définition de la somme réclamée lors de la réservation.
Pour faire simple :
👉 Un vacancier qui verse un acompte s’engage à louer, donc à régler le montant total du loyer. En contrepartie, le propriétaire s’engage fermement à louer son logement. Une annulation est donc en théorie impossible et les deux parties doivent honorer leur engagement.
👉 A l’inverse, si un vacancier verse des arrhes lors de sa réservation, l’article 1590 du code civil autorise l’acheteur ou le vendeur à annuler la réservation. Dans ce cas, si c’est le vacancier qui annule sa réservation, il perd ses arrhes (son avance). Si c’est le propriétaire qui annule la réservation, il devra rembourser au vacancier le double des sommes versées au titre de l’avance.
Voyons en détail ces différences qui peuvent être lourdes de conséquences en cas d’annulation :
Les arrhes : définition et conséquences.
Sauf mention contraire clairement indiquée dans votre contrat de location, en cas d’une annulation, le vacancier perd l’intégralité de ses arrhes s’il se rétracte. En contrepartie, le vacancier ne peut pas être légalement contraint de régler le solde du loyer s’il décide d’annuler son séjour.
- Lors d’un versement d’arrhes, un vacancier peut renoncer à louer votre logement mais il perd la totalité de la somme déjà versée lors de sa réservation.
- En contrepartie, si l’annulation est le fait du propriétaire, le vacancier sera en droit de lui réclamer un remboursement du double des arrhes versées (article 1590 du code civil).
L’acompte : définition et conséquences.
Le versement d’un acompte implique un engagement ferme mutuel du vacancier et du propriétaire. Il implique pour le propriétaire l’obligation de fournir le logement et pour le vacancier l’obligation de régler en totalité son loyer. Il n’existe aucune possibilité d’annulation sauf en cas d’un accord à l’amiable, ou de précisions des conditions d’annulation dans le contrat de location.
- Juridiquement, la partie qui demande l’annulation (le vacancier ou le propriétaire) peut être condamnée à verser des dommages et intérêts si elle se rétracte de son engagement de louer.
- Dans les faits, sauf à engager des démarches juridiques, il sera très difficile pour un propriétaire d’obtenir d’un vacancier qui veut annuler son séjour, qu’il lui règle le solde de son loyer !
Prenons un exemple :
👉 Vous louez un gîte d’un loyer de 1.000€ pour lequel vous demandez le versement d’une somme de 250€ (25%) lors de la réservation.
Conséquences pour le vacancier :
- Si vous avez indiqué que cette somme constitue un acompte : en cas d’annulation par le vacancier, celui-ci sera tenu légalement de régler au propriétaire le solde du loyer (soit 800€), sauf si des conditions d’annulation plus avantageuses sont indiquées dans le contrat de location ou si vous décidez d’une condition plus avantageuse pour le locataire défaillant ;
- Si vous avez indiqué que cette somme constitue des arrhes : En cas d’annulation par le vacancier, il perdra légalement ses 250€ et l’affaire en reste là, sauf accord complémentaire décidé à l’amiable.
Conséquences pour le propriétaire :
- Si vous avez indiqué que cette somme constitue un acompte : En cas d’annulation par le propriétaire, ce dernier est tenu légalement de rembourser en totalité le montant versé, soit les 250€ et d’indemniser le vacancier du préjudice subi (versement de dommages-intérêts pour réparation des torts causés).
- Si vous avez indiqué que cette somme constitue des arrhes : En cas d’annulation par le propriétaire, ce dernier sera tenu légalement de rembourser le double du montant perçu, soit 500€ au vacancier et rien d’autre.
Concrètement, quelle est la meilleure option à retenir ?
C’est avant tout un choix personnel que chaque propriétaire devra analyser en fonction de sa situation particulière et des conséquences que nous venons d’évoquer.
Dans les faits, nous avons pu constater que l’acompte est la formule privilégiée par les propriétaires de locations saisonnières. De même, le montant de l’avance demandé à la réservation couvre généralement 25 à 30% du montant du loyer, afin d’engager le vacancier dans l’acte de location et de sécuriser le propriétaire sur son planning de réservation.
De son côté, le principal intérêt du recours aux arrhes est de clarifier le montant maximum du dédommagement versé au vacancier pénalisé si le propriétaire doit annuler la réservation : le propriétaire devra alors verser au vacancier le double du montant des arrhes versés et l’affaire en restera là.
Quel montant d’acompte ou d’arrhes faut-il demander à la réservation ?
Il n’existe aucune règle ni obligation concernant le montant à demander lors de la réservation et de la signature du contrat. Toutefois, nous ne pouvons que recommander de demander le versement d’une avance à la réservation, condition de l’engagement ferme du locataire et du propriétaire. Nous avons constaté qu’il est courant de demander 25% ou 30% du montant total du loyer à titre d’avance.
Si vous souhaitez minimiser le risque financier d’avoir à gérer une annulation, il est alors possible de demander jusqu’à 50% du tarif à la réservation, mais cette avance importante peut s’avérer être un frein à la réservation pour certains vacanciers :
- S’il s’agit d’arrhes, cela permet au propriétaire d’être déjà crédité de ce montant quoi qu’il advienne.
- S’il s’agit d’un acompte – même si les conditions d’annulation permettent au propriétaire de réclamer le solde de la réservation – sa mise en œuvre risque d’être délicate, d’où l’intérêt de réclamer un acompte important dès la réservation. En effet, si l’hébergement ne trouve pas de nouveau locataire aux mêmes dates, la perte sèche pour le propriétaire ne sera que de 50%, au lieu de 70-75% (en cas de versement d’acompte de 25-30%).
Que se passe-t-il pour les réservations via une plateforme ?
Concernant les centrales de réservation (Airbnb, Abritel, Booking…), les montants versés lors de la réservation sont très majoritairement des acomptes. Il est donc important de veiller à harmoniser le plus possible les conditions de votre contrat de location avec celles imposées par les plateformes que vous utilisez.
Une bonne pratique…
Pour se couvrir du risque d’annulation, le propriétaire a tout intérêt à inviter le locataire à souscrire une assurance Annulation lors de la réservation : Si le vacancier a refusé cette option pour économiser quelques dizaines d’euros, il sera beaucoup plus difficile à ce dernier d’en vouloir au propriétaire ensuite. 😉
Nous parlons ici des obligations légales mais la location saisonnière entre particuliers doit surtout faire appel au bon sens !
Si un vacancier vous demande d’annuler sa réservation dans un délai tout à fait acceptable permettant de relouer votre logement sur cette période, il est logique et courant de lui proposer un remboursement total de son avance. Nous vous conseillons d’indiquer clairement cette notion de “délai raisonnable pour annuler” dans votre contrat de location. Cette notion de souplesse sur l’annulation pourra rassurer vos vacanciers et les motiver à réserver chez vous, plutôt que chez un autre…
En cas d’un délai d’annulation court, vous pouvez refuser le remboursement de l’avance perçue ou encore proposer un remboursement si l’hébergement parvient à être loué à la même période et au même tarif.
Nous espérons que ce dossier consacré à la différence de traitement juridique entre les arrhes et l’acompte vous aura aidé et qu’il vous permettra d’offrir à vos vacanciers de nouvelles opportunités pour réserver en direct. Dans tous les cas, n’oubliez pas d’adhérer à notre association de propriétaires indépendants 😉 :
Bonnes locations !
Dominique, au nom de l’équipe d’administration de LVP Direct.
Images & illustrations ©Depositphotos
Merci à Dominique et toute l’équipe pour la remise à jour de ce dossier très utile !
Bonsoir Benoit est tout le monde… pour moi ça restera un acompte, je ne vois pas pour quelle raison j’annulerais une réservation sauf en cas grave et je suis assurée… par contre ce qui est plus probable c’est qu’un vacancier annule sa resa, c’est ce qui m’est arrivé à une semaine de son arrivée, ( du fait maintenant je demande le solde un mois avant leur arrivée). Ce vacancier avait l’obligation de me régler la totalité du séjour ce qu’il n’a jamais fait malgré mes relances… vous pensez bien que je n’ai jamais entamé une action en justice… qui m’aurait… Lire la suite »
Merci pour ce rappel j’ai repris mes contrats pour demander des arrhes car je rejoins les interlocuteurs précédents. dans le cas de litige jamais je ne ferai payer l’intégralité du séjour au client .
Amicalement
André FIAT
Merci pour cette précision que j’avais totalement zappé!
Il me semble que les arrhes sont moins risqués en cas d’obligation d’annulation.
Je n’ai jamais été obligé d’annuler une réservation de mes vacanciers mais le risque zéro n’existe pas et si je dois lui retrouver une location et le dédommager ça peut vite me couter cher!
Alors que dans l’autre sens il sera impossible de faire payer un solde de location à un vacancier qui vous demande d’annuler et de leur rembourser son avance…